La pratique du dopage dans le tennis implique que les sportifs utilisent des substances ou des méthodes interdites dans le but d’améliorer leurs performances en compétition. Les premiers contrôles anti-dopage remontent aux années 1980, visant principalement à détecter l’utilisation de drogues récréatives par les joueurs de tennis. La Fédération internationale de tennis (ITF) a mis en place un programme de contrôle en 1993.

Histoire

Le dopage dans le tennis a des antécédents au moins depuis les années 1950, avec le joueur espagnol Andrés Gimeno admettant avoir reçu des injections de testostérone avant la Coupe Davis de 1959. Les premiers tests ont été introduits dans les années 1980, ciblant principalement les drogues récréatives, puis l’ITF a établi un programme de contrôle en 1993. En 2004, le tennis a adopté le code de l’Agence mondiale antidopage (AMA), et en 2013, le passeport biologique a été mis en place.

L’Affaire Puerto

C’est un scandale de dopage sanguin qui a éclaté au printemps 2016. Elle concerne la découverte de plus de 200 poches de sang destinées à des transfusions sanguines dans un laboratoire clandestin à Madrid. Bien que les premières révélations aient impliqué principalement le cyclisme, le médecin espagnol Eufemiano Fuentes, au cœur de l’affaire, a affirmé avoir travaillé avec des sportifs de différentes disciplines, y compris le tennis. La justice espagnole a décidé de détruire les preuves et de garder l’identité des tricheurs secrète, ce qui a suscité l’indignation de nombreuses personnalités sportives, notamment les joueurs de tennis professionnels Rafael Nadal, Andy Murray et Julien Benneteau.

Polémiques

L’ITF est souvent critiquée dans les médias pour son manque de transparence en ce qui concerne les cas de dopage dans le tennis. On la soupçonne de négocier directement avec les athlètes impliqués pour les inciter à se retirer ou à s’éloigner des compétitions, afin de préserver l’image du tennis. L’ATP a également longtemps maintenu un silence strict sur le sujet, menaçant de sanctions les joueurs qui en parlaient. Dans son autobiographie Open, André Agassi raconte comment l’ATP a couvert son contrôle positif aux méthamphétamines en 1997. Roger Federer a également exprimé son étonnement quant au faible nombre de contrôles qu’il a subis au cours de sa carrière.

Dans les rares cas publiques où des joueurs professionnels se font prendre la main dans le sac et condamnés en première instance, ils voient de toute manière en général leurs peines allégées voire annulées par le TAS (Tribunal Arbitral du Sport).

ITF vs AFLD

En 2009, un changement dans le code mondial antidopage a permis à une agence nationale d’effectuer des tests supplémentaires par rapport aux instances officielles. L’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a ainsi effectué des contrôles inopinés et ciblés sur plusieurs athlètes lors du tournoi de Roland-Garros en 2009, ce qui a suscité des critiques, notamment de la part de Rafael Nadal. Les relations tendues entre l’ITF et l’AFLD ont conduit à la fin de leur collaboration après la saison en cours.

Suspicions

En mars 2016, l’ancienne ministre de la Santé et des Sports, Roselyne Bachelot, a accusé Rafael Nadal de dopage lors d’une émission télévisée. Nadal a vigoureusement nié ces allégations et a demandé à l’ITF de publier les résultats de ses contrôles antidopage. En septembre, des cyberpirates russes ont révélé que Nadal avait utilisé à plusieurs reprises des substances interdites, ce à quoi Nadal a répondu en expliquant qu’il avait obtenu des autorisations pour des raisons médicales et que cela n’était pas considéré comme du dopage.

En novembre 2017, Roselyne Bachelot a été reconnue coupable de diffamation et condamnée à une amende avec sursis ainsi qu’à verser des dommages et intérêts à Rafael Nadal pour préjudice moral.

En septembre 2016, le groupe de hackers Fancy Bear a également révélé que Venus Williams et Serena Williams avaient obtenu des autorisations à usage thérapeutique pour des substances normalement interdites, ce que l’Agence mondiale antidopage a confirmé comme authentique, expliquant qu’elle avait été victime d’une cyberattaque.

Le 5 novembre 2022 pendant la demi-finale du Masters 1000 de Paris-Bercy entre Novak Djokovic et Stefanos Tsitsipas, un spectateur a filmé l’étrange et paranoïaque comportement du staff de Djokovic préparant une boisson à son joueur dans les tribunes avant qu’une ramasseuse de balles ne distribue la gourde au champion serbe. Voir la vidéo de la potion magique de Novak Djokovic.

Révélations

Des nouvelles allégations de partialité ont émergé en juin 2022. Selon des informations du Daily Mail, certains joueurs de tennis auraient peu avant bénéficié de la possibilité de programmer leurs contrôles antidopage jusqu’à quatre jours à l’avance. Il semblerait que cette opportunité ait été réservée exclusivement aux meilleurs joueurs. Cette pratique aurait été mise en place lors de la saison 2022, notamment avant le Masters 1000 de Miami, mais elle aurait également été utilisée en marge de Roland-Garros en 2019 et de l’US Open en 2021, soulevant ainsi des soupçons de tricherie selon des experts.

Selon les dires de Rob Parisotto, un scientifique australien et spécialiste du dopage, qui est notamment reconnu pour avoir réalisé le tout premier test de dépistage de l’EPO, le fait que les contrôles antidopage soient prévisibles à l’avance a un impact significatif sur les tests de dopage sanguin. Un délai de trois ou quatre jours avant un tournoi est la période idéale pour augmenter le volume sanguin et améliorer la capacité de transport de l’oxygène, ce qui peut conduire à une amélioration de l’endurance et des capacités de récupération des sportifs. De plus, l’article du Daily Mail présente comme preuve un message envoyé à certains joueurs par Nicole Sapstead, directrice de l’ITIA (l’Agence « indépendante » de lutte contre le dopage du tennis international), dans lequel elle précise les dates des contrôles antidopage et les créneaux pour la collecte des passeports biologiques des athlètes (PBA). Cette situation soulève des préoccupations quant à l’intégrité du processus de contrôle antidopage dans le tennis. Surtout lorsqu’on sait que l’ITIA a été créée en 2022 par… l’ITF elle-même, et qu’elle ne dispose que d’un budget annuel de 14 millions d’euros!

David Haggerty, président de l’ITF se montrait satisfait de cette nouvelle instance ITIA dans la lutte contre le dopage et la corruption, déclarant «C’est un moment très important pour le tennis. En tant que sport, nous nous sommes engagés à plus de transparence et à une totale indépendance dans la gestion des programmes antidopage et anti-corruption.»…

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